Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/533

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de faire le z final se retrouve précisément dans le bordereau. Je remarque d'abord que la tête du z n'est pas calligraphique ; M. Esterhazy donne à son z une forme courbe suivant la mode allemande ; c'est ainsi qu'on fait le z en Allemagne ; puis le trait descend de droite à gauche et se termine par un petit crochet extrêmement élégant à droite. Il y a trois z dans le bordereau et je remarque que le z final du bordereau est identique au z final de M. Esterhazy.

Je remarque encore dans le bordereau que le trait final du z est beaucoup plus étendu que le jambage des autres lettres, qu'il pénètre dans le corps d’écriture de la ligne suivante ; si vous prenez l'écriture de M. Esterhazy, vous retrouverez la même particularité.

Quand j'examine tous les éléments caractéristiques de ces deux écritures, lorsque je les compare, lorsque je vois que les traits essentiels de formation des lettres sont absolument identiques chez Esterhazy et dans le bordereau, quand j'ai des yeux et que je vois, lorsque non seulement je vois, mais je désire voir, j'en arrive à cette conclusion, c’est qu’il y a ente ces deux écritures des identités telles qu’on ne peut les expliquer que par un seul phénomène, c’est que ces deux écritures émanent d’un seule et même personne. Une seule et même personne a écrit ces deux documents et celui qui a écrit le bordereau est ne peut-être que M. Esterhazy, lui seul au monde !

M. Bertillon nous a dit que si cent officiers français avait pu avoir une écriture semblable, il n'en concluerait pas que le bordereau est de M. Esterhazy ; eh bien ! M. Bertillon ne pourrait pas nous montrer montrer, parmi les 40 ou 50,000 officiers de l’armée française un seul officier dont l’écriture approche de l'écriture du bordereau et où on trouve tous les élément de similitude avec un rythme arithmétique aussi probant. Toutes les particularités s’y retrouvent, et dans la liaison des mots et dans la liaison des lettres, et dans les initiales des mots et dans les finales. Qu'on m'explique cela !

Mais, Messieurs j'ai encore à vous indiquer... (Murmures dans l'auditoire. Le témoin se tourne vers le fond de la salle)

M. le Président. — Adressez-vous à MM. les jurés.

M. Franck. — Il est incontestable que je m’adresse à MM. les jurés… J’avais l’intention de terminer, mais puisqu on m'interrompt, je continue.

M. le Président. — Ne prenez pas ce ton, je vous en prie...

M. Franck. — Comment, monsieur le Président ?

M. le Président. — Je vous dis de pas prendre ce ton devant la Cour d’assises ; il est absolument inconvenant.

Me Labori. — Demandez-vous, monsieur le Président, si ce sont les avocats qui font ce bruit ?

M. le Président. — Voyons, maître Labori, calmez-vous.

Me Labori. — Oh ! monsieur le Président, calmez la salle si vous pouvez.