Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/99

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était précisément au cours de sa déposition quand vous l’avez interrompu.

M. le Président. — Pardon, M. Leblois avait fini ; je lui ai posé une question pour éclairer sa déposition.

M. Leblois. — Je vais y répondre de la façon la plus nette. D’abord, j’affirme que je sais qu’il n’a été posé au colonel Picquart que quatre questions. Quant à la source de cette connaissance, je ne me crois pas tenu de l’indiquer, pour une bonne raison, c’est que je suis l’avocat du colonel Picquart...

M. le Président. — Vous auriez bien fait de le dire en commençant. (Bruit dans l’auditoire.)

M. Leblois. — Je l’ai dit.

M. le Président. — Je ne l’ai pas entendu.

M. Leblois. — On cause bruyamment près de moi, cela me gêne.

M. le Président. — Je prie les avocats qui sont là de garder le silence, pour que les témoins puissent déposer tranquillement.

M. Leblois. — J’ai dit tout à l’heure que j’ai été saisi pour la première fois de cette affaire au mois de juin 1897, quand le colonel Picquart est venu me demander aide et protection contre des menaces écrites qu’il avait reçues le 3 juin d’un de ses anciens subordonnés. C’était donc très net. C’est pour sa défense que le colonel Picquart m’a raconté une partie des faits, mais non ceux qui touchent au secret militaire, et c’est pour sa défense qu’il m’a remis les lettres du général Gonse.

Je n’apporte à la Cour et au jury que des renseignements dont je puis attester l’exactitude.

J’ajoute que rien n’est plus facile que d’établir la preuve de ce que je viens de dire ; car, d’une part, des renseignements télégraphiés par une agence en province, le 2 février, et qui n’ont pas été démentis, indiquent les points sur lesquels ont porté les débats devant le Conseil d’enquête. De plus, le colonel Picquart a reçu, conformément aux règlements militaires, un avis qui lui indiquait de la façon la plus nette les questions sur lesquelles il serait interrogé. En effet, — si une seule question a été posée au Conseil d’enquête, à savoir : le lieutenant-colonel Picquart est-il dans le cas d’être mis en réforme pour faute grave dans le service ? — on a dû néanmoins fixer par écrit les points sur lesquels porterait le débat. Eh bien ! le colonel Picquart ayant, ou pouvant avoir demain, dans sa poche, l’énoncé de ces faits, est parfaitement en état de faire la preuve de ce que je viens d’avancer.

M. le Président. — Avez-vous fini ?

M. Leblois. — J’ai fini sur ce point.

M. le Président. — Maître Labori, avez-vous d’autres questions à poser ?

Me Labori. — M. Leblois nous a fourni différentes explications sur les lettres et les télégrammes dont il vient de parler, mais je n’ai pas très bien compris, — et peut-être MM. les jurés