Aller au contenu

Page:Le sphinx au foyer Bourotte 1883.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je n’ai ni formes ni limites ;
Mes couleurs ne sont pas décrites,
Et mon fond, nul ne l’a sondé…
De loin je fascine et j’attire…
Trois fois malheur à tout navire
En mes parages attardé !…..
Pourtant, les pêcheurs de Norwège
Devant moi ne sont point peureux :
Là-bas, à genoux dans la neige,
Leurs femmes ont prié pour eux.


XIX

Dieu me fit belle et printanière.
Les flots, à mes pieds, sont rangés ;
Je porte un manteau de lumière,
Une couronne d’orangers.
Les cantilènes d’Italie,
Comme des harpes d’Éolie,
Me bercent d’un concert lointain ;
Ma sœur la France me caresse ;
Je reçois et je rends l’ivresse ;
Ma brise est l’encens du matin !…
Mais l’homme gâte toutes choses :
Il inflige à mon sol charmant
Ses fatales métamorphoses…..
Et fait d’un vice mon aimant !