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Page:Le sphinx au foyer Bourotte 1883.djvu/33

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XXIX

Qui de nous, subissant une épreuve du ciel,
A bu, sans murmurer, le calice de fiel ?
Est-ce vous ?… — Non vraiment. — Et moi, pas davantage.
C’est notre frère, alors, ou notre ami plus sage…
Mais s’il a bien connu l’amertume des pleurs
Et savouré la lie et béni les douleurs,
À jamais affranchi des tortures charnelles,
Il boira, dans la gloire, aux sources éternelles.


XXX

« À l’envi, tu le sais, chacun t’admire, ô belle !
Murmurait l’usurier. Moi… je t’offre… mon cœur !
— Mais vous n’en avez pas ! en ricanant dit-elle ;
Et la preuve : en tous lieux vous portez le malheur.
— Je dépose à tes pieds mon nom, si tu l’acceptes.
— Point ! celui de mon père est meilleur à porter.
Il joignait son exemple à vertueux préceptes
Et savait aussi bien secourir qu’exhorter.
— Partage donc cet or qu’à la ronde on m’envie.
— Nenni ! je n’en veux pas, car cet or sent mauvais.
J’aime pauvre métier avec honnête vie,
Et non le bien d’autrui dans un riche palais ! »