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Page:Le sphinx au foyer Bourotte 1883.djvu/38

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XXXIX

La nature était morte, ou plutôt endormie ;
Les rameaux frissonnaient sous la bise ennemie ;
La bête fauve errait avec un rauquement.
Le fagot sur l’épaule et la main sur la hanche,
Le glaneur de bois sec foulait la neige blanche,
Et, dans le fond du cœur, murmurait sourdement…..
Il regrettait l’été, sans songer que les roses
Ont souvent une épine où se blesse la main ;
Que le soleil foudroie… et que cent belles choses
Recèlent du venin.


XL

Il est remède à tout dans notre pauvre monde.
Voulez-vous, par exemple, expier un péché ?
Portez stoïquement votre hommage à Raymonde
Et demeurez une heure à son char attaché :
Elle a soixante hivers et veut paraître jeune ;
Pour s’amincir la taille, en secret, elle jeûne ;
Et ses blancs cheveux teints s’entremêlent flottants.
À la trouver stupide, enfin, chacun s’accorde.
C’est œuvre de clémence et de miséricorde
Que de lui consacrer parfois quelques instants.