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Page:Le sphinx au foyer Bourotte 1883.djvu/56

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Son teint blafard, son dos en voûte,
Sa toux qui dure nuit et jour
Lui font payer ce qu’il en coûte
Pour s’élever avant son tour.


LXX

Que d’idolâtres parmi nous !
L’un, amoureux de son visage,
S’oubliant devant son image,
S’adore lui-même à genoux.
L’autre, épris follement d’honneurs et de puissance,
Chamarre son habit de décorations ;
Et, jaloux de garder ses adorations
Pour son propre pouvoir, se vénère et s’encense.
Celui-ci, vouant ses amours
À quelque futur héritage,
Lui fait, sans trêve ni partage,
Yeux doux et patte de velours.
Celui-là, plein de haine et seul au fond d’un antre.
Dans l’ombre caressant quelque dessein mortel,
À la sombre vengeance édifie un autel.
Cet autre ignoblement fait un dieu de son ventre.
Enfin chacun à son moment,
Dans une humeur folle ou chagrine,
Prend le son pour de la farine
Et le stras pour du diamant.