Son teint blafard, son dos en voûte,
Sa toux qui dure nuit et jour
Lui font payer ce qu’il en coûte
Pour s’élever avant son tour.
Que d’idolâtres parmi nous !
L’un, amoureux de son visage,
S’oubliant devant son image,
S’adore lui-même à genoux.
L’autre, épris follement d’honneurs et de puissance,
Chamarre son habit de décorations ;
Et, jaloux de garder ses adorations
Pour son propre pouvoir, se vénère et s’encense.
Celui-ci, vouant ses amours
À quelque futur héritage,
Lui fait, sans trêve ni partage,
Yeux doux et patte de velours.
Celui-là, plein de haine et seul au fond d’un antre.
Dans l’ombre caressant quelque dessein mortel,
À la sombre vengeance édifie un autel.
Cet autre ignoblement fait un dieu de son ventre.
Enfin chacun à son moment,
Dans une humeur folle ou chagrine,
Prend le son pour de la farine
Et le stras pour du diamant.