« Vite, vite ! un peu moins de temps à la toilette !
Quand nous allons dîner chez notre tante Annette,
L’exactitude est de rigueur.
J’en suis sûre, déjà son couvert étincelle :
La vieille argenterie et la blanche vaisselle
Que décorent le fruit, la fleur.
Elle a choisi le vin des meilleures années ;
Elle a fait de gâteaux trois ou quatre fournées
Et dépeuplé sa basse-cour.
Le linge de Hollande est tiré de l’armoire ;
Elle met sa perruque et sa robe de moire,
Vrai costume de cour !
Il nous faut à l’envi, vraiment cela s’impose,
Entonner sa louange en poésie, en prose,
Avec l’estomac et le cœur !
Et boire tant de fois en l’honneur de la tante
Que, du catarrhe aigu, de la fièvre latente,
Son grand âge reste vainqueur ! »
Elle a tant jasé, la folle Jeannette,
Qu’elle est en retard ; on va la gronder.
Vite ! il faut remplir sa cruche bien nette,
Puis, à la maison, sans plus s’attarder !