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Page:Le sphinx au foyer Bourotte 1883.djvu/79

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XCIX

« Mon ami, retenez ce que je vais vous dire :
Ardemment je désire
Prendre femme !
— Bravo ! demain, mariez-vous.
— Oui ; mais je suis timide et fortement jaloux…
— Ne vous mariez pas.
— C’est que la solitude
Me met à la merci de qui veut m’exploiter.
— Mariez-vous, alors.
— J’ai plus d’une habitude ;
J’y tiens. Mais pensez-vous qu’on veuille s’y prêter ?
— Ne vous mariez pas.
— Dieu sait pourtant la vie
Que je mène, privé de tendresse et de soin !
— Mariez…
— Si ma femme, un jour, m’était ravie !
Si mes enfants nombreux tombaient dans le besoin !
— Ne vous mari…
— J’entends. Mais toute ma fortune
Ira donc enrichir quelque piètre neveu ?
— Allez vous promener. Ce jeu-là m’importune.
Il faut pourtant savoir, enfin, ce que l’on veut ! »