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LE VOL SANS BATTEMENT

C’est ordinairement quand le vent du midi va prendre que les aquilinés se livrent au vol sans battement. À ce moment il y a un arrêt dans l’atmosphère, le temps est lourd. l’air sonore ; on entend là-haut, dans les airs, les cris de ces oiseaux, et on les voit alors toutes voiles déployées, la queue en éventail, tourner lentement, et disparaître finalement dans le ciel.

Par ce temps particulier, presque tous les oiseaux de proie se livrent à cette ascension. Quel est le but de ce pèlerinage à la voile, en hauteur, par couple, de toutes les espèces d’accipitres ? Qui sait ? Il est difficile de l’expliquer.

Cette manœuvre est régulière à chaque retour du vent du sud ; par les autres temps, ils ont leur vol à eux, et ne deviennent réellement voiliers excessifs que dans cette circonstance.

Ce qu’ils font a ce moment spécial, ils peuvent le faire constamment ; pourquoi ne le font-ils pas ?

En voici la raison ;

Ce genre de vol est trop lent pour eux, il ne correspond ni à leur activité, ni à leur puissance, ni aux besoins de la vie ; c’est pour cela qu’il est peu utilisé. Mais, en place, les vautours, qui eux ne sont jamais pressés, abusent du vol plané, et on ne les voit recourir aux battements que dans le cas d’absolue nécessité.

Je l’ai déjà dit, et je le répète ici très intentionnellement, parce que j’ai la conviction de n’avoir pas été cru : un grand vautour fauve (gyps fulvus), par un temps ordinaire, où il y a un léger vent, part de son perchoir qui est ordinairement un roc à pic d’une cinquantaine de mètres de hauteur, s’abaisse, prend le vent, se met à tourner, monte en l’air, si haut qu’il disparaît ; redescend, remonte, fait ainsi des évolutions sans nombre, jusqu’à ce qu’il aborde la terre pour