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LE VOL SANS BATTEMENT

vement finit par faire concevoir et le poids et l’étendue de cet aéroplane, et il reste alors l’impression d’une énorme masse, nullement sensible au coup de vent, tournant lentement, accomplissant avec lenteur son évolution, revenant contre le vent, et là, ayant un temps d’exhaussement qui, vu d’en bas, produit l’effet d’un arrêt, lent mais complet, dans la marche, dont la durée est quelquefois d’une demi-minute. Pendant cette révolution, les milans et les percnoptères ont fait chacun dix tours, hachés, cassés, irréguliers, et qui n’ont, en tous cas, rien de semblable avec cette tournure lente et suprêmement majestueuse, qui est la note dominante du vol de ce grand voilier.

Un fait singulier est l’espèce de joie que semble amener parmi les milans et les percnoptères l’arrivée des vautours. Ils montent en grand nombre les rejoindre, semblent prendre des leçons de vol, deviennent de suite planeurs excessifs ; on dirait même qu’ils s’essayent à tourner lentement : N’y a-t-il pas là influence du modèle prépondérant ? Quoi qu’il en soit, il est un fait certain, c’est que tout vol de vautours qui étudient le sol a une escorte. Après cela n’est-ce encore que l’annonce d’un repas copieux qui les réjouit ainsi.

− Mais alors le grand vautour aurait donc une faculté de vue que ces oiseaux de moindre volume ne posséderaient pas ?

— C’est probable. L’organe de la vue, je l’ai dit, est forcé d’être, chez cet animal, le premier de la création ; nul être sur la terre n’a besoin de voir aussi loin : le besoin impose à cet oiseau cette puissance extrême de l’organe de la vision. Songeons donc que pour eux l’étude du sol et des vautours voisins est constamment de plusieurs kilomètres. Le milan et le percnoptère n’ont pas d’études pareilles à faire. Le milan ne dépasse pas comme champ de vision utile quelques centaines