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LE VOL SANS BATTEMENT

kilog. s’assimilent de suite, celles de sept kilog. et demi, poids du gyps fulvus, surprennent. Même quand on les sait par cœur, elles continuent à étonner. Aussi, malgré l’habitude que j’ai de ce planeur, suis-je toujours surpris, et je vois chaque fois que je l’ai sous les yeux quelque effet curieux se produire que j’analyse, c’est vrai, mais que je n’ai pas prévu.

Cette faculté de glissement de ces grandes ailes sur l’air, cette prise exacte de l’aéroplane sur le fluide aérien, produisent des décompositions plus précises de force que nous n’avons l’habitude de le voir.

C’est le même effet que celui qu’on perçoit quand on regarde glisser un jeune homme sur la neige rugueuse, ou quand on le voit patiner sur la glace unie.

Dans le premier cas, on comprend que toutes les aspérités qu’il a à surmonter ne lui permettent pas une carrière bien longue, tandis que, dans le second, on est surpris de l’amplitude et de la précision du mouvement.

Autant cet oiseau est intéressant en liberté pour les aviateurs, autant il l’est peu en captivité.

C’est une borne, il est immobile comme une pierre. De temps en temps, toutes les heures, il daigne s’étirer les ailes. Lentement, longuement, il étale aux yeux du spectateur ses deux merveilles. Le matin et le soir, à l’heure du départ et à l’heure du coucher, il devient inquiet, descend de son perchoir, cherche à s’envoler, et ne réussit qu’à s’érailler les plumes contre les barreaux de sa cage.

C’est bien le roi des cieux prisonnier !

Ceux qu’on voit au Jardin des Plantes de Paris ont une prison assez vaste. Ils peuvent juste donner deux coups d’ailes très retenus. Rien de leur véritable aspect n’apparaît au visiteur, et c’est naturel.

Quand on réfléchit qu’un des cercles qu’ils décrivent