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ÉTUDES D’OISEAUX

n’a pas moins de cent mètres de rayon, on arrive à comprendre qu’il n’y a nulle prison assez vaste pour permettre de l’étudier en captivité. Il faut l’immensité à ses vastes ailes et rien de moins. L’Hippodrome et la Galerie des Machines sont bien grands, mais un vautour lâché sous ces nefs ne pourrait y démontrer qu’une chose, c’est qu’il est un piètre rameur. Il n’y serait pas plus intéressant que dans la petite cage du Jardin des Plantes ; aussi est-il inutile de songer à voir ce maître exécuter en chambre le vol plané.

Même en liberté, ce n’est qu’arrivé à la hauteur d’une centaine de mètres qu’il développe tous ses dons, surtout si l’homme est proche, cas où il cherche au plus vite à se mettre hors de portée de ce voisinage dangereux.

Mais, quand il se sent bien en sécurité, à l’abri de tout danger, il devient alors le démonstrateur du vol sans battement.

Voici donc une énorme oiseau qui a un mètre carré de surface et 2ᵐ50 d’envergure, qui a un vol permanent qu’aucun oiseau d’Europe, dont l’étude peut être journalière, ne possède. C’est constamment la crécerelle dans son allure d’ascension, la buse dans ses courts instants de planement, le milan si rare, passant une fois devant les yeux de l’aviateur, traversant peut-être d’un horizon à l’autre, sans ramer, mais fait qu’on ne revoit pas, qui finit par s’effacer du souvenir et qui fait que longtemps après on se demande si on était bien éveillé et si on a bien vu. C’est même infiniment mieux que tout cela ! Regardons-le dans le ciel immense se promener sans effort, nager dans le fluide aérien, sans ombre de fatigue puisqu’il n’y a pas de force dépensée, puisqu’on en ferait autant si on avait des ailes ; attendu que la vue de ces évolutions convainct l’intelligence que, à part la force dépensée pour se soutenir sur ses ailes éta-