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LE VOL SANS BATTEMENT

Sur le continent américain le même cas se présente mais plus accusé, plus lisible.

Quand on regarde avec attention deux oiseaux du nouveau monde, un dindon et un condor, tous deux au repos, on est frappé de la ressemblance extrême qui existe entre ces animaux : même tête, mêmes coroncules chez le mâle, même cou. Le plumage est pareil, blanc ou noir. Les pattes et les griffes sont absolument identiques, pouces rudimentaires et nature des ongles semblables, La seule différence réelle qui existe entre ces deux oiseaux réside dans la grandeur de l’aile.

Combien faudra-t-il de temps à l’homme pour transformer par l’éducation, le besoin et la nourriture, l’aile courte du dindon en aile longue du condor, pour la lui allonger seulement, car, au dindon comme à ce grand voilier, les gabaris de l’appareil aviateur sont les mêmes : même nombre de plumes, quatrième et cinquième remiges les plus longues dans les deux êtres.

Il est probable qu’un laps de temps, relativement court suffirait pour opérer cette transformation. On y serait aidé par cet appétit spécial du dindon pour la viande ; il est presque un carnivore : témoin Molière, et tant d’autres accidents de cette nature.

Cette ressemblance ne peut être fortuite, elle est trop vive d’aspect ; elle est corroborée, au reste, par d’autres faits : poule de Pharaon, Gallinazo ; deux noms qui ont été créés par une même effet de tournure générale. Les Américains du Sud ont trouvé que l’aura et l’urubu ressemblent tellement à la poule qu’ils les ont nommés poule dans leur langue.

Il faudrait admettre trois accidents pareils et parallèles pour ne pas reconnaître que cette similitude de tournure est un indice de communauté d’origine ; et cela, malgré des différences profondes anatomiques, malgré des estomacs complètement différents : gésier