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ETUDES D’OISEAUX

énergique dans l’une et poche stomacale élastique dans l’autre, et surtout, ce qui est infiniment plus sérieux qu’une différence dans l’organe de la digestion qui est si variable, une discordance, complète dans l’évolution du jeune âge. Effectivement, l’un naît avec la possession complète de tous ses sens, même celui du mouvement : le jeune dindon court dès la première minute de son entrée dans la vie, le condor au contraire est aveugle sourd et muet. Il ne commence à se tenir debout qu’un mois après sa naissance ; les différences dans l’extrême jeunesse sont donc énormes.

L’ornithologie devrait créer des mots pour indiquer ces deux grandes tranches qui séparent par un fossé profond deux races d’oiseaux : ceux qui ont l’enfance gracieuse et vivante et ceux qui sont horribles et impotents. Elle ne s’est pas encore occupée de ces différences originelles ; ce serait cependant une ligne de démarcation bien franche.

Les rapaces nobles sont probablement venus par la voie des vautours, par les rapaces ignobles. Des appétits particuliers, aiguisés surtout par le besoin qui est le grand dispensateur des facultés, ont amené petit à petit le rapace ignoble, qui ne vit que de chairs putréfiées, au type faucon, au gerfaut par exemple, qui en liberté mourra de faim devant un faisan mort qu’il n’aura pas tué lui-même.

Les gallinacés offrent beaucoup d’oiseaux qui amènent cette idée de transformation. Ainsi le pauxi comme bec est la charge des aquilinés. Les serres sont parfaitement représentés dans le sasa (opisthoconnus cristatus). Et cet oiseau des îles Samoa : le didunculus ; et le toccro qui a une véritable tête de faucon.

Mais que sont ces ressemblances à côté des toucans et des calaos ? On peut dire d’eux qu’ils sont la charge des becs crochus.