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LE VOL SANS BATTEMENT

trouve joli, on cherche à se l’expliquer sans pouvoir y parvenir.

Pourquoi, se demande-t-on, un oiseau qui sait planer dans la perfection, quand l’envie lui en prend, se fatigue-t-il à frapper l’air à chaque seconde que le temps produit ? A force de réfléchir, en les étudiant tous avec attention, et surtout en les comparant comme allure entre eux, on arrive à entrevoir une réponse satisfaisante à ce point d’interrogation. La voici :

Quand, par une forte brise (15 mètres à la seconde), on a la chance d’avoir ensemble sous les yeux les quatre oiseaux suivants : albatros, goéland, mouette et sterne, on remarque qu’ils se meuvent, de la manière suivante.

L’albatros est immuablement posé sur ses deux longues ailes courbées en-dessous : c’est le vol arqué. Chez lui, pas de battement tant qu’il ne fait que parcourir l’espace. Il ramera pour aborder ou quitter l’eau, mais, pour se mouvoir, jamais, c’est inutile, sa masse est assez importante et son aéroplane est disposé de façon à utiliser dans la perfection ce vif mouvement d’air.

Le goéland fera des temps de glissade de quelques minutes, mais à tout instant il frappera l’air comme s’il voulait accélérer sa vitesse. Ne sent-on pas dans cet acte une impression d’impuissance dans la translation ? Ne comprend-on pas que le courant d’air est trop fort pour lui.

La mouette, par le vent de 15 mètres, ne plane presque plus. Elle prend son mouvement de balancier et n’en sort qu’à de rares instants.

Quant à la sterne, c’est autre chose : elle est si petite, et la mer est si grande, que, pour pénétrer, pour pouvoir se transporter avec une vitesse utile et nécessaire, pour franchir les énormes distances de l’immensité salée, il faut qu’elle se projette à chaque coup d’ailes.