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LE VOL SANS BATTEMENT

d’un bout à l’autre. Ce canal est vaseux, peu propre ; niais, tel qu’il est, il fait le bonheur des bergeronnettes qui s’y donnent rendez-vous, qui y chassent vers et mouches, de l’aurore à la nuit. De temps en temps, elles montent pour prendre l’air et un peu de soleil ; c’est alors sur les terrasses qu’elles font la guerre aux insectes. Elles ne nous quittent qu’en avril pour aller nicher dans le Nord. La quantité de ces bestioles est énorme : on peut dire qu’il y en a cinquante par hectare de la terre d’Egypte.

Nous avons, comme l’Europe, nos hirondelles : celle des rochers (hirnndo rupestris), qui couche dans les carrières de la montagne et vient chasser en ville. L’hirondelle des fenêtres (h. urbica), qui est très abondante ; et enfin notre hirondelle de cheminée (h. rustica), celles des étables de vos campagnes, qui chez nous niche partout, même en plein café arabe, malgré la fumée des narguilhés, malgré l’odeur épouvantable du hachich, les disputes et les crailleries des Egyptiens de basse classe qui fréquentent ces lieux. Tout cela ne la regarde pas ; elle entre et sort imperturbablement, étant forcée de passer près de l’homme, à le toucher. Ce n’est pas exactement le même oiseau que celui de l’Europe, c’est une variété qui a le ventre rouge brique d’un ton charmant.

Le moineau d’Egypte est le moineau franc, il n’a qu’une légère différence, c’est qu’il est encore plus lutin que les nôtres. Les marchands de riz de la ville ont une véritable rente à payer à cet animal, car il s’approvisionne tout simplement aux tas qui sont exposés à la vente dans des couffes et cela à la barbe du patron, qui jamais ne s’est fâché contre ces pillards audacieux. Quand cependant ils viennent en trop grand nombre ou qu’ils font trop de bruit, le marchand daigne leur adresser, lentement, un coup de chasse-mouches ; alors