Page:Le vol sans battement.pdf/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
ETUDES D’OISEAUX

la bande étonnée de cette outrecuidance, va se poser sur les étagères un peu plus loin et retombe à l’instant sur la montagne de riz.

J’en ai eu longtemps un nid dans ma chambre à coucher. Quand nous dormions trop longtemps le matin, ma femme et moi, ces oiseaux venaient nous réveiller pour pouvoir sortir. Je me souviens d’un spectacle bien amusant : ma femme triant des lentilles sur une grande table et tous les mauvais grains au fur et à mesure que sa main les éloignait, étaient enlevés, et cela par une vingtaine de moineaux effrontés et quatre ou cinq tourterelles qui ne doutaient de rien.

C’est positivement avec ces animaux la vie commune. Au reste, nous nous y prêtions un peu ; il y avait constamment le plat d’eau fraîche-pour désaltérer tout ce petit monde, et le plat n’était nullement au large, mais dans un endroit très passager ; tourterelles, moineaux, corbeaux mêmes y venaient boire.

Ce petit bras du Nil dont j’ai parlé et sur lequel donnent mes fenêtres, a ses oiseaux pêcheurs ; le martin-pêcheur vert, l’escarboucle l’habitent constamment pendant le temps de l’inondation. De loin en loin, nous avons la visite du céryle, le grand martin-pie, qui crie toujours comme un possédé ! Il se tient pour pêcher à la hauteur du second étage et de là pique sa tête sur le fretin qui est abondant dans ce canal comme dans toutes les eaux venant du fleuve.

Les sternes, en hiver, sont à poste fixe sur le grand Nil.

Quand les froids doivent être rigoureux, il y a, pendant les mois de janvier et février, un monde de mouettes et goëlands qui quittent la Méditerranée pour venir habiter nos eaux tranquilles. Les canaux de la Basse-Egypte, les grands lacs, les terres noyées du Delta sont pour les oiseaux de mer un véritable refuge