Page:Le vol sans battement.pdf/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LE VOL SANS BATTEMENT

pler ce nouvel arrivant qu’elle ne connaissait pas. Mon ami fut tellement étonné de voir qu’elle était vivante qu’il se retira à reculons de peur de l’effrayer.

Voici donc un oiseau nichant à portée de la main, à hauteur des yeux, ne s’effrayant de rien, pas même d’un orgue qui hurle à toute pression. Il est difficile de demander mieux d’un être libre.

Leurs cousins les pigeons sauvages sont passés à l’état d’institution en Egypte depuis l’Ancien Empire. Il y a des stèles de cette époque qui relatent que : un tel a la charge de gardien des pigeonniers du Roi.

Malgré qu’il habite un colombier il est cependant un oiseau sauvage.

Ces pigeonniers sont bien curieux : ce sont comme forme d’immenses pains de sucre hauts comme des maisons. Ils sont là-dedans par milliers. Un chef eunuque du Khédive Ismaïl en possédait dans un village de la Basse-Egypte vingt-mille paires : il fallait cinq tonnes de grain par jour pour les nourrir. Les voisins devaient être bien à plaindre ! La ville du Caire n’a pas de grands pigeonniers, c’est vrai ; mais ces oiseaux ne lui manquent pas pour cela. De tous les environs, et, cela va jusqu’à dix lieues au moins, ils viennent aux grands tas de blé du Gouvernement, et là sont vite rassasiés. Il y en a des nids dans tous les grands édifices et même dans les fentes de rochers des montagnes qui avoisinent la ville.

Ils passent sur le Caire avec une vélocité qui ne permet pas de les confondre avec les pigeons domestiques : au reste, ils ne s’accouplent pas avec ces derniers. Ils sont une race à part, qui reste pure malgré des voisinages quelquefois bien attrayants.

Les grands vols de ces oiseaux offrent une étude tout à fait intéressante comme effets d’agglomération, mais