Page:Le vol sans battement.pdf/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
LE VOL SANS BATTEMENT

Le soir arrive, ils partent par petites troupes pour visiter les champs herbeux de la Basse-Egypte, et, à l’aurore, ils sont tous rentrés.

Ce spectacle est aussi bien peu connu des Cairotes, malgré qu’il y a moins de dix ans une de ces héronnières était située au beau milieu de la ville… derrière Scheppet hotel.

Comparez maintenant ce monde d’oiseaux aux hirondelles, moineaux et colombes de Paris et il sera facile de comprendre combien l’étude est commode au Caire et difficile en France …Joignez à cela que tous ces oiseaux sont d’une familiarité insolente, bien autre que celle du moineau français.

En Europe, les voiliers sont rares. Quand on voit un milan, c’est par deux cents mètres, et cela arrive deux ou trois fois par an, ou quand on habite la campagne et qu’on regarde en l’air ; ici, il n’y a qu’à lever les yeux. on en voit toujours.

Le corbeau est assommant, il y en a trop. Le percnoptère est moins commun : les couleurs vives du mâle le font déjà regarder ; mais, ce qui, sans être rare, est cependant difficile à voir, c’est le grand vautour. Il ne faut pas être myope assurément, sans cela on le confond toujours avec les milans qui encombrent le ciel. Il est ensuite rarement en voyage le matin ou le soir ; c’est au milieu du jour qu’il faut le chercher dans cette lumière intense du bleu cru du Midi. Au bout de quelques minutes de cette étude de l’espace les yeux n’en peuvent plus, on voit mille paillettes d’or se mouvoir sur la rétine ; il faut absolument. abandonner la recherche. Mais quand on le voit, devrait-on perdre la vue, on ne l’abandonne que quand il s’éteint à l’horizon. Heureusement pour les yeux que ce n’est pas long.