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LE VOL SANS BATTEMENT

J’ai donc pris un ballon jouet sur lequel j’ai collé, sur une des faces, du duvet ; il avait une couronne de plumes plus petite d’un tiers qu’une face du ballon, et au milieu de cette couronne l’appendice par où il avait été gonflé, qui lui-même faisait aspérité et aidait à l’action de retenue de la contre-pression. L’appareil, bien en équilibre dans l’air, a reçu de haut en bas, sur sa face lisse, un coup de vent lancé par un tube. Le résultat désiré, c’est-à-dire l’avancement contre le sens du courant, n’a pas été précis. L’expérience éait trop imparfaitement faite : c’est à reprendre. Il y a là un point intéressant à étudier.

Comme la nature n’a pas inventé le ballon, comme elle n’a jamais dans ses œuvres produit la sphère, elle a dû avoir une raison pour cela. Les êtres qu’elle a destinés à pénétrer avec succès les fluides, ont une autre forme ; c’est celle d’un cône allongé juxtaposé sur une demi-sphère.

Pour lui ressembler dans cette expérience il faudrait s’adresser à des ballons ayant la forme du corps d’un oiseau d’eau. On pourrait prendre comme type colymbus glacialis ou encore aptenodyter patagonica.

Où nous arrêterons-nous dans cette voie ? Où allons nous ?

— Juste à la limite de l’absurde.

Mais où est-elle cette limite ?

Il est de fait qu’on ne peut admettre exactement dans ce cas l’aspiration ; il est impossible de songer à un corps assez bien construit pour que la poussée arrière soit supérieure à la poussée avant : ce serait le bénéfice de force, le mouvement perpétuel trouvé ; l’oiseau perforant l’atmosphère malgré lui, ne pouvant plus s’arrêter, le ballon Juif-errant, le bateau marche-toujours. Ce serait l’absurde assurément.