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APPAREILS AÉRIENS

Non, il n’est pas permis de songer à cela : là est une limite qu’on ne peut franchir.

Mais où s’éteint la raison ? ou commence l’insanité ?

Il semble qu’il n’y a pas à errer et que cette limite est à l’équilibre exact des forces, à la suppression absolue du traînement.

Que ces voies inconnues sont difficiles à suivre ! le sentier n’est bien tracé nulle part. On est constamment attiré d’un côté ou de l’autre par quelque fait qui, comme une fleur qu’on veut cueillir, vous met de suite hors du chemin. Ainsi, que sont ces observations, nombre de fois entrevues, dans lesquelles l’équilibre des poussées ne semble pas juste, et pour être exact je dois dire, dans lesquelles la poussée arrière s’établit franchement, comme dans le fait de l’oiseau projeté en avant par un arrêt subit du vent.

Lorsque l’oiseau, dans le ciel, hors de tout remous, est soumis à un courant d’air puissant et qu’il est en position pour lui résister, il est si bien construit comme solide et aéroplane qu’on peut considérer le traînement comme absolument nul. Si le vent cesse brusquement, la pression sur l’avant cessera et cependant la pression arrière continuera d’agir… pendant un temps au moins égal au temps que le vent emploie à parcourir la longueur de son corps. Ce déséquilibrement dans les poussées aura pour effet de lancer l’oiseau en avant avec une force… précisément pareille à celle qu’avait le vent. Comme raisonnement c’est un fait qui est encore à élucider, et, comme pratique, c’est un lancé assez violent pour qu’il produise l’effet non de l’aspiration, mais d’une véritable projection[1].

  1. Les considérations qui précèdent ainsi que les deux phrases portées ci-dessus en italique montrent que l’auteur considère l’oiseau comme sou-