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LE VOL SANS BATTEMENT

nes du désert qui n’ont quelquefois que cinquante centimètres de diamètre.

Ces tourbillons minuscules sont un phénomène aérien bien curieux. Ayant été forcé de beaucoup pratiquer le désert, je puis en parler savamment, en ayant vu bien des centaines.

Certains jours d’été, jours tout aussi immuablement bleus que les autres, on voit les trombes se former. Qui les produit ? Malgré mes bons yeux, je n’ai pu ni voir, ni saisir la cause qui les détermine. Le temps est à l’éternel beau fixe : pas un nuage dans le ciel, le vent est moyen, la température est celle de l’été, ni plus forte, ni plus basse que les autres jours ; en somme rien en climatologie ne permet d’assigner une cause sensée à la production de ces tourbillons ; et, cependant, il s’en élève en grand nombre. J’en ai vu souvent cinq ou six ensemble sur seulement le quart de l’horizon. Elles ont lieu généralement sur le sol du désert ; rarement sur le sol cultivé.

Voici comment elles apparaissent. On voit d’abord un petit filet de poussière s’élever du sol, son diamètre est souvent très minime, un décimètre seulement. Le mouvement giratoire est très vif. La poussière ne s’élève qu’à quelques mètres, puis, le cône d’aspiration s’élargissant, ce sable s’éparpille et n’est presque plus visible. En quelques instants la colonne grandit en hauteur et grossit, et, un quart d’heure après son apparition, la trombe est en pleine activité. Elle a alors de un à cinq mètres de diamètre et une hauteur qu’on peut estimer souvent à beaucoup plus de mille mètres, ce qui est peu de chose dans ce ciel bleu sans fin.

Les contours de ces tourbillons sont d’une netteté surprenante, ce n’est plus de la poussière qui monte, c’est une colonne de sable et de graviers, souvent gros comme des pois, qui s’élève dans l’atmosphère. La