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APPAREILS AÉRIENS

vitesse réelle, c’est celle d’un homme qui marche. La durée de l’ensemble du phénomène est d’environ une demi-heure.

Je me suis offert ce coup de vent.

Passant un jour près d’une de ces petites trombes, je me dirigeai sur elle. Ma monture ne voulut rien entendre, je fus obligé d’y aller à pied malgré les supplications de mon saïs qui croyait que j’allais être enlevé.

Son action fut très vive ; je fus à moitié déshabillé. Mon parasol que j’abandonnai au moment où il allait se retourner fit seul l’ascension. Je Le vis monter à plus de cinquante mètres, là il abandonna le courant et retomba à terre sans être détérioré. Je n’ai reçu aucun coup de foudre, ni ressenti la moindre action d’un courant électrique ; mais je dois dire que, malgré la bénignité de l’effet produit, si cet air en mouvement avait rencontré les grandes surfaces d’un aéroplane, il aurait assurément brisé l’appareil.

J’ai eu aussi l’occasion d’étudier les trombes marititmes.

Là, le phénomène est autre, il est explicable. On voit les nuages ; les vents contraires peuvent être invoqués.

C’est un splendide spectacle !

Un jour, le vapeur sur lequel j’étais, s’est trouvé, par le travers des Baléares, entre trois de ces immenses colonnes d’eau qui remontent la mer dans les nues comme d’énormes siphons. Le ciel était couleur d’encre, la mer d’un calme presque plat semblait phosphorescente ; le vent nul cependant, mais l’électricité était affolée. En haut, les sombres nuages se heurtaient dans toutes les directions ; Les éclairs se succédaient sans arrêt sous cette voûte noire sous laquelle nous allions nous engager ; et ces trois terribles voisins rôdaient autour de nous. L’une d’elles, celle que j’ai pu le mieux voir devait avoir au moins dix mètres de diamètre dans sa