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LE VOL SANS BATTEMENT

Maintenant, observons la nature de la surface de ces êtres à vie souterraine. Comme glissement, qui n’a amorcé sa ligne sans avoir vu le ver de terre lui glisser des doigts ? Pour la taupe, il n’y a pas de fourrure à lui comparer sous le rapport de cette propriété ; les peaux de phoques et de lions marins sont bien loin de compte : aussi l’emploie-t-on pour garnir l’intérieur des sarbacanes, arme dans laquelle, ne pouvant augmenter la pression, on cherche à éviter, autant que faire se peut, le frottement du projectile. Si nous envisageons les animaux qui se meuvent dans l’eau, nous voyons qu’ils sont entourés d’une huile particulière qui a une propriété de glissement excessive. Témoin l’anguille qu’on ne peut conserver dans les mains malgré les plus grands efforts.

On peut, au reste, s’en rendre compte en faisant l’expérience suivante qui m’a donné des résultats curieux :

Prendre un de ces petits bateaux à vapeur, jouet d’enfant — du moins c’est comme cela que je l’ai expérimenté — à mouvement d’horlogerie actionnant un propulseur quelconque ; lui faire traverser par un temps calme une pièce d’eau : noter le temps employé ; puis, l’essuyer et graisser sa coque avec l’huile qu’on obtient en râclant légèrement les côtés d’un brochet vivant. Si on compare entre elles les deux courses, on trouve une différence que je ne préciserai pas, parce que cette expérience date de loin, mais, qui, de souvenir, est très intéressante.

Donc, avis aux canotiers, de remplacer la graisse dont ils oignent leurs embarcations de course par de l’huile vivante de carpes ou de tanches, poisson qu’on peut se procurer facilement en grande quantité.

L’être aquatique au sein de la masse liquide est exactement dans les mêmes conditions que l’oiseau dans le milieu aérien. Toutes les conditions sont identiques ou