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LE VOL SANS BATTEMENT

n’a pas frémi, vous avez seulement vu passer une ombre tellement rapide que votre intelligence n’admet pas le fait. Il faut revoir pour croire.

On comprend, en les voyant se mouvoir avec cette vélocité qu’on était bien loin de soupçonner, la possibilité des abordages extraordinaires que produit en se jouant cet amphibie. C’est ce qui explique leur présence sur de véritables perchoirs inabordables par terre, élevés souvent de trois et même quatre mètres. Le lion marin part de l’eau profonde et franchit dans l’air ces quatres mètres de hauteur. Jugez d’après ce tour de force du sort réservé au poisson qu’il poursuit.

Plus un animal est fin nageur, moins il remue l’eau, moins il y a de remous, de force perdue. Etudiez à ce point de vue l’hippopotame, comparez le peu de mouvement qu’il communique à l’eau à la nage d’un chien. Ce dernier fait plus de bruit, d’écume, de bouillonnements, que l’énorme pachyderme. J’ai vu des hippopotames au-dessus d’Assouan, il y a vingt et quelques années ; ce qui les décelait, c’était leurs ronflements et leurs cris épouvantables qu’on entend de plusieurs kilomètres, mais quant au mouvement de l’eau remuée par leur masse, il était nul. Ces monstres nagent aussi silencieusement que le grand-duc vole.

Il en est de même des bateaux ; on peut juger de leurs qualités de marche au peu de mouvement qu’ils impriment à l’onde. Le mauvais marcheur éclabousse l’eau à l’avant et produit à l’arrière de grandes ondes qui le suivent ; le bon marcheur file silencieusement, sans laisser de sillage

Pour l’oiseau qui est notre sujet d’étude, nous ne parlerons pas de celui qui pêche au vol et qui surprend sa proie quand elle approche de la surface, grâce à la rapidité incomparable de sa chute, mais au contraire d’une catégorie qui prend le poisson en le poursuivant en