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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

peu fantaisiste que son frère l’était à l’excès, il eut invariablement chaque année, un prix ou un accessit de Bonne Conduite, gloire pâle des sages, qui avait toujours été refusée à son frère aîné.

Henri, le frère plus jeune, suivait peu l’école. Quand il vagabondait un peu, on était toujours assuré de le retrouver caché sous les grandes orgues de la cathédrale, écoutant la belle musique. Pour celui-ci, Louis eut toujours une affection très vive.

Au cours de ces cinq dernières années, Louis Mouillard était tout d’abord resté dans la maison paternelle. Il étudie à la fois la peinture et le vol des oiseaux. Le grand grenier est devenu l’immense cage où se trouve enchaîné l’aigle, que le jeune chercheur s’est procuré on ne sait où. Le sauvage maître des cimes est devenu fidèle compagnon du futur inventeur.

Longtemps les parents avaient ignoré la présence de l’oiseau de proie au sommet de la maison. Mais un jour, un des jeunes frères de Mouillard descendit du grenier avec une blessure au bras ; l’aigle l’avait happé au moment où la porte de la cage se refermait. Heureusement ce bras fut vite guéri, et, plus heureusement encore, le père de Louis Mouillard, bien loin d’interdire le jeu dangereux auquel on se livrait là-haut, laissa se développer l’étrange vocation de son fils. Un autre jour le jeune chercheur, en martelant un fer, manqua perdre la vue par suite d’un éclat. Ce fut grande émotion dans la famille.

Qu’importe ! C’est alors pour le futur auteur de l’Empire de l’Air l’époque merveilleuse. Il est libre de pour-