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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

Lyon et de Paris. Tout être ailé devient sujet d’expérience. Ce sont d’abord les volailles de la ferme, des poules kabyles, et des poules d’Europe, puis des pintades que Mouillard oblige à se soutenir dans l’air dans certaines conditions favorables à l’étude de leurs plus imperceptibles mouvements. Aucun oiseau qui passe à portée du regard n’échappe à son analyse. Ce sont les cigognes se laissant choir du haut des grands frênes qui dominent la propriété, ce sont les sylvies chasseurs d’insectes — les demoiselles « pilles-mouches » comme il les appelle. Il suit d’un œil attentif les plus infimes péripéties de leur chasse précipitée.

L’attrait et la difficulté de la chasse à l’outarde canepetière lui font imaginer d’ingénieux cerfs-volants imitant le vol de l’aigle ; il les expérimente au marais voisin.

Il va le matin à la marine, à Alger, voir l’arrivée de la pêche de nuit, et achète à un marchand des oiseaux de mer. Il les palpe, les soupèse, les fait s’enlever de mille manières, tire des leçons de leurs moindres gestes, témoin la série d’expériences que voici, qu’il exécuta sur quatre oiseaux des tempêtes achetés sur le port, à Alger.

« … Mon but était de les étudier, puis de leur donner la clé des champs quand ils m’ennuieraient.

« Je les mis donc sur l’eau dans une petite mare à canards, voisine de la ferme.

« Ici, je crois utile de donner une description succinte de cet oiseau, pour les personnes qui ne le connaissent pas, afin de faire saisir toutes mes déconvenues.

« Le procellaria est un oiseau gros comme une petite poule. En regardant au tableau des études, type larus, nous trouvons qu’il pèse 750 grammes, que son envergure est de 1m25, la largeur de ses ailes de 0m125.