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LE VOL SANS BATTEMENT

fusille pas, la confiance naîtrait chez eux et leur permettrait de se reproduire.

Croyez-vous que l’oiseau de mer adore tant que cela les tempêtes de l’eau salée ? Il les subit, mais s’en passe facilement ; témoin leur longue station d’hiver sur l’eau douce. Ils y nichent même ! Il y a des nids sans nombre dans les rochers qui bordent le Nil à la hauteur de Manfalout et de Djebel-Silsileh. Ils sont tranquilles, et c’est tout ce qu’ils demandent. Que l’eau soit douce ou salée, peu importe aux mouettes, aux goélands, aux canards de toute espèce et même aux plongeurs et aux cormorans.

Il y a de bien belles récréations à créer aux aviateurs, aux ornithologues, à tout individu qui aime étudier la nature. On y verra de tout, du grandiose, de l’étrange, du gracieux. Combien doit être intéressante la construction du nid rustique, la ponte, l’éducation de ces grosses boules de duvet qui ont toujours si bon appétit, puis la croissance et enfin les premiers vols. Et cette étude faite sur des êtres dont on ignore tout, même jusqu’au nombre d’œufs dont se compose la ponte ? Il est probable que la première couvée d’albatros fera époque dans les fastes de l’ornithologie.

L’oiseau libre, mais c’est la plus splendide récréation qu’on puisse désirer, et qui n’a aucun rapport avec celle qu’offre le même être quand il est captif.

Qui a vu de près une simple petite sterne privée sans être charmé de sa grâce tout autant au repos qu’au vol ? Quelle aisance élégante elle déploie dans ces battements lents et cadencés ! C’est tout-à-fait l’oiseau des dames, le bijou marin gracieux et sauvage. On ne peut rien voir de plus coquet que cet oiseau rustique ; cette perle de mer se balance sans efforts, avec une aisance indescriptible, sur ses longues baguettes grises, secouant même les plumes de son corps en plein vol, tout