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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

Cependant, ni à M. Albert Bazin, ni à ses autres visiteurs de l’époque, Mouillard ne parla du nouveau livre qu’il avait entrepris d’écrire.

Son seul soin semblait être d’étudier l’évolution des oiseaux, et d’enseigner à autrui l’art de bien voir.

Il ne se contentait pas de son observatoire en ville, il s’isolait souvent devant le désert. Le Docteur Baÿ qui vint en Égypte pour la première fois en 1888 le connut ainsi : « Son observatoire de prédilection était un rocher du Mokattam, sorte de nid d’aigle, d’où il pouvait suivre, à l’œil nu ou armé d’une lunette, toutes les évolutions des grands voiliers qui parcourent cette région. À cet exercice ses sens s’étaient aiguisés, et avaient acquis une acuité tout à fait exceptionnelle. Il observait sans cesse, il observait toujours, même dans les rues du Caire.

Il occupait un modeste logis dans les quartiers arabes, et avait pour compagnons habituels les corneilles et les milans du voisinage. Tous ces volatiles étaient devenus ses amis, amis un peu indiscrets, il est vrai, qui ne se contentaient pas de voler dans les airs, mais avaient la coutume assez régulière de s’emparer du modeste repas de notre observateur par trop distrait. » (Bulletin de l’Institut Égyptien, avril 1901).

Toujours tenu à de grandes précautions nécessitées par l’état précaire de sa santé, Mouillard ne parlait pas de tenter de nouvelles expériences. Au cours de diverses visites que M. Albert Bazin lui fit avant de revenir en France, il lui montra les dessins des appareils projetés sans sembler y attacher une grande importance. Sans doute l’impossibilité absolue où il était d’agir par lui-même était la seule cause de cette réserve. Elle put paraître surprenante au visiteur parce qu’il ignorait quelles nouvelles découvertes préoccupaient à ce moment Mouillard. N’a-t-il pas en effet fallu attendre la