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LE VOL SANS BATTEMENT

appliquées, le 30 Décembre 1891, sous le titre de l’Aviation de demain, il n’est plus même fait mention des travaux de Mouillard. Après un essai d’une netteté incomparable, où l’auteur définit les conditions et la théorie du vol de l’aéroplane actuel, il cite les principaux chercheurs, qui travaillent ardemment à l’avancement de la science aéronautique ; Langley, Chanute, Maxim et Lilienthal sont parmi ceux-là. De l’aviateur français exilé au Caire, il n’est point parlé.

Et comme Mouillard, toujours timide, n’ose insister pour qu’on lui réponde, dans quelques mois on le croira mort.

Il lui reste pourtant encore six années à vivre. Et il se souviendra, jusqu’à la fin, d’Albert Bazin et de Drzewiecki. Ceux-ci en trouveront une preuve touchante à la fin du Vol sans battement : le Maître qui tout au cours de son œuvre n’a jamais cité que ses amis les oiseaux, tiendra à inscrire le nom de l’élève et du voyageur aux dernières pages de son second ouvrage. Ne sont-ils pas les chers témoins qui ont vu avec lui l’évolution merveilleuse de l’oiseau modèle ? Il sait que ceux-là, même s’ils perdaient un jour le souvenir de l’initiateur, ne pourront jamais chasser de leur pensée l’image de l’oiseau qui plane, les ailes toutes grandes, montrant à l’homme la route à suivre.

Cette dernière période, où l’indifférence de la mère patrie se fait douloureusement sentir, est marquée par la correspondance avec l’américain Octave Chanute. Étant donné l’importance de celle-ci, nous en avons détaché l’analyse quelques pages plus loin.

Cette correspondance, dont Mouillard parlait peu, ne fut point complètement ignorée de son entourage. On eut connaissance qu’un jour, l’inventeur avait reçu