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LE VOL SANS BATTEMENT

n’existe jamais complètement ; un côté est toujours plus lourd que l’autre, les surfaces ne sont pas exactement réparties. Les différences de poids et de surface ont pour effet de faire pencher le côté le plus chargé ou le plus petit, ce qui revient au même ; de là viennent ces ronds qui sont toujours décrits par les aéroplanes, soit machine, soit oiseau… ».

Et n’avait-il pas, à cette époque, fait l’aveu très net de l’insuffisance de sa démonstration, puisqu’il la faisait suivre de ces deux lignes :

« Pour obtenir la marche rectiligne, il faut faire intervenir une force corrective qui, dans l’aéroplane, est la vie. »

La lettre à Chanute n’hésite pas à déclarer au sujet de cette explication : « C’est vrai, mais c’est tout à fait insuffisant. »

Les changements de direction dans le plan horizontal ne sont pas obtenus, d’une manière active, par le ploiement des ailes, mais par le gauchissement « Le transport de la masse d’un côté, la diminution de surface de ce même côté ne sont rien auprès de ce moyen brutal de se diriger. »

La preuve est absolue, le texte de la lettre est net ; le mot s’y trouve, dans le sens où on l’emploie de nos jours, et nous ne pensons pas qu’il soit possible de critiquer l’affirmation suivante, qui est la nôtre :

En 1890, Mouillard a dévoilé à Chanute le mystère du gauchissement des ailes, moyen employé par l’oiseau pour se diriger franchement.

Lorsque Mouillard écrivait à Chanute la lettre que nous avons lue, il était en plein travail de composition de son second ouvrage, et y accumulait le fruit de dix