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perdues, si on laisse des branches soutenues au-dessus de terre par des pierres, ou des souches ou des troncs. Ceci arrive souvent, lorsque, pour construire les chemins du glissage, on jette de côté les branches sans tenir compte de la théorie de la loi de l’ébranchage, ou sans désir intelligent de retirer le plus grand profit possible des dépenses qu’exige l’observance de la loi.

On peut constater l’inefficacité partielle de l’ébranchage des houppes par suite de cette négligence pour les branches individuelles dont on fait des piles. Lorsque des pierres, des souches ou des troncs empêchent ces branches de toucher au sol, elles ne se décomposent pas plus vite que lorsqu’elles restent attachées au tronc.

D’un autre côté, les grands tas de branches, bien que ne touchant pas au sol, parce qu’elles ont été empilées sur des pierres, des souches des troncs d’arbres ou d’autres objets, se massent peu à peu par le poids des neiges répétées, et finissent par devenir si compacts qu’ils retiennent l’humidité qui aide à la décomposition. Cette pourriture s’opère plus rapidement dans une forêt mixte que dans une forêt d’épinettes et de baumiers seulement, puisque les feuilles qui tombent des essences dures ou à large feuilles couvrent bientôt le dessus de ces piles et empêchent la neige de pénétrer à travers les branches. De cette façon, le poids de la neige est de beaucoup plus grand, et il force les branches plus menues de l’intérieur des piles à se resserrer, de manière à retenir une partie de l’humidité qui s’infiltre nécessairement du sommet de ces piles. C’est ainsi que pénètre à l’intérieur l’élément qui, aidé de la chaleur et de l’air, est indispensable à la naissance des champignons qui favorisent grandement la décomposition. Lorsque ces tas de branches reposent directement sur le sol, l’humidité y entre par en bas et par en haut ; il s’ensuit que la décomposition avance plus vite.

Tout le monde admet, d’un autre côté, que les éléments essentiels à la décomposition — la chaleur, l’humidité et l’air — s’allient plus facilement à la surface du sol qu’au-dessus de la terre. Les piquets de clôture et les poteaux de télégraphe pourrissent rapidement au point où ils sont plantés en terre. Les bois de chauffage, de pulpe, de billes de sciage, sont toujours soulevés de terre par des patins pour les empêcher de pourrir, s’ils doivent rester quelque temps dans les bois. Les exploitants de bois ont toujours soin d’empêcher leurs traîneaux de toucher au sol, pendant la saison de l’année où ils ne sont pas en usage, afin de les préserver de la décomposition. Le même principe s’applique avec autant de justesse à la destruction des branches qu’à autre chose, et il est certes difficile de croire que l’on ait sérieusement fait objection à la loi de l’ébranchage des houppes.