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Page:Lebel - La petite canadienne, 1931.djvu/59

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LA PETITE CANADIENNE

LA VIE CANADIENNE

LITTERATURE ET LITTERATEURS

Numéro 50 SUPPLEMENT AU “ROMAN CANADIEN’ Février 1931 BENJAMIN SULTE ET SON OEUVRE

(Suite et fin)

LES MELANGES HISTORIQUES

Les Mélanges historiques, dont nous avons déjà dit un mot précédemment, comprennent aujourd’hui dix-sept tomes, le 17e devant paraître bientôt. Nous njentreprendrons pas, ici, de faire une appréciation de chacun de ces volumes, tous énormément intéressants et instructifs ; une telle appréciation exigerait un gros volume. Nous ne pouvons, cependant, passer outre sans signaler, au moins, trois ouvrages portant les titres suivants : Papineau et son temps (Vol. XIII) ; La Saint-Jean-Haptiste (Vol. XV) ; l’Acadie Française (Vol. XVI).

Dans « Papineau et son temps » Benjamin Suite entend éclaircir bien des points obscurs dé cette époque troublée, et faire disparaître bien des préjugés. Il sait que les hommes qui ont pris la défense de nos droits, au risque de leur liberté et de leur vie, sont généralement méconnus et ignorés de nos gens ; car, il faut bien le dire, le Canadien ignore son histoire. Et Suite sait encore que toute l’histoire du régime dit « la,domination anglaise », ou, si l’on aime mieux, « le nouveau régime », est encore à faire. Si lui, Suite, ne peut pas faire lui-même cette histoire, du moins voudra-t-il y apporter certains matériaux nécessaires dans sa construction ; il jettera de la lumière sur certains faits ténébreux ; il rendra à César son bien ; il remettra en évidence nos hommes publics du temps, et démontrera, en même temps, que notre peuple, loin d’être une race de perturbateurs, a toujours souffert en silence l’injustice et la molestation. En effet, il a fallu l’exaspération pour faire soulever quelques groupes épars de ce peuple paisible et pacifique. Et Suite voudra nous faire voir et sentir la pleine vérité, car, pour tout ce qui a rapport à notre histoire et à nos origines, « toute vérité est bonne à dire », selon l’expression qu’il emploie hardiment et avec raison.

Non, Suite ne craint pas de dire la vérité, et c’est pourquoi il va dénoncer la véritable clique des « briseurs de paix-». Il va nous indiquer là où perchaient les véritables perturbateurs : au sommet du promontoire de Québec, dans l’entourage des gouverneurs anglais. Plusieurs de nos historiens ont peur de toucher à cette époque agitée de notre vie nationale, mais Suite, lui, n’a pas peur. Et pourquoi avoir peur ? Ne sàit-il pas que la vérité doit jaillir, de toute nécessité ? C’était par l’aveu de cette vérité’ qu’il était seulement possible de nous faire rendre justice ; reculer devant la vérité, c’était faire reculer notre histoire davantage et nous replonger plus que jamais dans les ténèbres et dans le mépris du peuple qui voulait nous dominer et nous assujétir.

Si Suite, lui-même, n’a pas dit toute la vérité, c’est pour la raison qu’il ne l’a pas découverte toute. Pour établir l’histoire authentique et impartiale du régime anglais, il faudra bien encore cinquante ans, sinon davantage. Au travers du dédale obscur des événements qui se sont passés de 1760 à nos jours, Garneau a d’abord ouvert la voie ; Suite et d’autres l’ont élargie ; nos écrivains d’histoire des prochaines générations l’achèveront. Ce qui manque encore et qui manquera longtemps pour fixer la véridique histoire de l’époque anglaise, ce sont ces documents privés ou secrets des hauts fonctionnaires de notre pays. Tant que nous ne pourrons nous en tenir qu’aux documents dits « officiels », telle, notamment, la « fameuse » Collection Haldimand, nous pouvons douter d’établir notre « vraie histoire ». De même qu’au