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CHAPITRE VIII.

prouvée, il faut toutefois montrer que a nécessairement la valeur zéro dans certains ensembles, car si, par exemple, était constamment positive, serait constamment nulle et ne serait pas la limite inférieure de , n’existerait pas. Or ceci est impossible[1], car les ensembles réduits à un point qui donnent à une valeur non nulle forment au plus une infinité dénombrable.

En effet, il ne saurait y avoir une infinité de points constituant chacun un ensemble en lequel surpasse le nombre positif  ; car pour l’ensemble formé par une infinité dénombrable de ces points serait infinie. En faisant ensuite parcourir à une suite de nombres positifs tendant vers zéro on voit que les points pour lesquels a une valeur positive forment, un ensemble dénombrable. La même conclusion s’applique aux points pour lesquels est négative.

Chaque point constituant à lui seul un ensemble en lequel n’est pas nulle est dit un point de discontinuité de . Formons la fonction égale à la somme des valeurs prises par en ceux de ses points de discontinuité qui appartiennent à . Il est clair que est complètement additive, qu’elle a pour variations positive et négative les fonctions , formées de façon analogue avec et et qu’elle a pour variation totale la somme qui est la fonction qui se déduirait de la même manière de . est dite la fonction des sauts de .

La fonction n’a plus de points de discontinuité, non plus que , , . Montrons que, pour de telles fonctions, tout point est point de continuité, c’est-à-dire peut être enfermé dans un intervalle tel que les fonctions soient inférieures en module à pour tout ensemble formé de points de [2]. Il suffit de raisonner sur la plus grande, en module, des fonctions considérées, c’est-à-dire sur

.
  1. Exception faite du cas où l’ensemble de définition serait composé d’un nombre fini ou d’une infinité dénombrable de points.
  2. Il y a lieu à démonstration parce que nous posons deux définitions : l’une pour les points de continuité, l’autre pour les points de discontinuité.