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Page:Lebey - Sur une route de cyprès, 1904.djvu/17

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De vieux canons pointaient leurs gueules dédaignées En verdissant leur bronze au hasard de la pluie ; Je rêvais de combats et de flottes coulées. Et je ne savais pas que souvent on s’ennuie. Partir ? — Les barques aux grandes voiles gonflées Sont toujours sous mes yeux ; leur songe me console ; Je les orne, et leur proue élance un acrostole Qui se recourbe en noir sous la lune argentée. Je ne suis pas parti vers des golfes lointains ; J’a

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piétiné le sol des monts, des bois, des plaines ; recherché partout la voix de mes destins ; préparé des mâts et des coques hautaines. Tout m’a lassé ! Jamais on ne m’a répondu. Dans mon jardin désert les fleurs sont mes remords. Tout s’affaisse ou s’éteint ; l’humanité n’est plus Qu’une troupe anxieuse en marche vers la mort. De quelque côté que s’arrête mon regard, Te mur d’un cimetière enclôt de longs cyprès. Qui sait ? Ta vie est vieille ; il est peut-être tard,