Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/22

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— Mais la chaise à bout de bras, la massue de fer ?…

— C’est la conséquence. Il m’a fallu soutenir mon rôle. L’athlète ne se borne pas à courir, il a du biceps, des muscles.

— Mais le veston d’été, l’absence de paletot ?

— Un athlète n’a jamais froid. D’ailleurs ça coûte moins cher.

Et il ajouta :

— Ah ! monsieur, que ne ferait-on pas pour une créature comme celle-ci !

Il la rejoignit, lui reprit les enfants, et la regarda une seconde avec une expression de tendresse folle.

Et je compris la vie de M. Quemin, athlète par amour. Mais l’amour n’est-il pas la cause unique et profonde de tout ?

J’avais les larmes aux yeux. Ce bonhomme m’avait remué le cœur avec sa façon de dire les choses, si simple, si naïve, si noble. Je saisis les deux mains de sa femme, et lui dis d’une voix qui tremblait :

— Vous avez comme mari un homme excellent, madame, oui, un homme comme il y en a peu… Aimez-le bien, aimez-le beaucoup, il le mérite…

Maurice LEBLANC.