Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/262

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d’invités eurent défilé devant moi, il arriva une certaine Mme Andrey, dont la beauté déjà mûre était célèbre dans le pays. Ses deux filles, Henriette et Suzanne, l’accompagnaient, ainsi qu’un jeune homme, Maxime Bermont, le fiancé de l’une d’elles. Mais le fiancé de laquelle je n’aurais su le dire, tant il montrait auprès des deux sœurs une égale assiduité.

— Maxime Bermont vint en automobile. Mon ami avait la sienne. On fit de grandes excursions. C’est au cours de l’une de ces excursions… Mais soyons précis…

On partit ce matin-là à neuf heures et l’on déjeuna vers midi. Le repas fut très gai. Mon ami à beaucoup d’esprit, de l’esprit un peu bruyant et qui fait rire. Les deux sœurs s’amusaient comme des folles. Leur fiancé était tendre et plein d’entrain. Je dois dire cependant qu’il y eut entre elles et lui, vers la fin, une petite pique, pas très grave, mais assez pour que la mère se levât, prit à part le jeune homme, et tentât de rétablir la paix. Il ne sembla pas s’y prêter de bonne grâce. J’entendis qu’elle disait :

— Je le veux, vous comprenez, n’est-ce pas, Maxime, je veux qu’il en soit ainsi… sans quoi…

Que voulait-elle ? Et le jeune homme céda-t-il ? Je serais disposé à croire que non, car, lorsqu’il fut question du retour, vers trois heures, aucune de ces dames ne voulut l’accompagner, alors que, le matin, Mme Andrey et sa fille Henriette avaient effectué le trajet dans son automobile. Mon ami et moi, déjà installés, nous vîmes la discussion, qui nous parut même assez vive. Enfin, ces trois dames nous rejoignirent et, sans un mot, montèrent dans le large tonneau de notre voiture.

On partit. Maxime, seul avec son mécanicien, nous suivait à quelque distance.