Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/309

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il s’éveilla, me vit, balbutia quelques mots de remerciement et s’endormit.

Alors je regardai autour de moi. Et tout de suite un portrait me frappa : celui de Paul Archain. Et aussitôt, à droite, à gauche, contre les murs, sur les tables, sur la cheminée, je vis des tas d’autres portraits de Paul Archain : Paul Archain en cycliste, en chauffeur, en escrimeur, en patineur, en cavalier, en gymnaste, en alpiniste.

— C’est un véritable culte ! pensai-je.

Et j’aperçus, entre les deux fenêtres, une petite vitrine où il y avait tous les livres de Paul Archain, vêtus de reliures magnifiques. Et sur l’un des rayons s’alignaient les manuscrits mêmes de ces œuvres, reliés en parchemin.

J’en pris un, poussé par une curiosité un peu indiscrète. C’était le manuscrit des Passionnés. Je l’ouvris. À la première page je lus ces mots, tracés à l’encre rouge : « Les Passionnés, par Maxime Arnould ».

Maxime Arnoud ! Pourquoi ce prénom, pourquoi ce nom en tête d’une œuvre de Paul Archain ?

J’examinai les autres manuscrits. Ils portaient la même mention.

— Vous ne comprenez pas ?

Je me retournai. Assis sur son lit Maxime me regardait. Je vins près de lui. Il me dit, avec un reproche affectueux :

— Loin de moi vous comprendrez… vous saurez mon secret en partie… Alors autant vous expliquer…

Et très bas il prononça :

— Paul est mon frère… Il s’appelle Paul Arnould… Archain est un pseudonyme…

— Mais les Passionnés ? les Cimes ? la Toison d’Or ?

Il rougit, hésita, puis murmura :

— Les livres, les pièces, tout est de moi.