Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/485

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confrère, Maurice Leblanc se fait les ongles : égratigner, c’est encore du mouvement, c’est encore de la Vie.

La vie ! oui, tel est l’autre grand secret dont Maurice Leblanc s’affirme le maître, tel est le secret de la passion qu’il nous communique. Son génie n’est pas un génie « littéraire ». Il déteste la phrase plastique, la phrase qui coquette et qui roucoule, la phrase qui se module pour l’écœurant plaisir de l’ouïe. IL n’écrit pas pour écrire, il écrit pour faire jaillir de la vie. Il n’écrit pas, il plante sa plume dans des artères, et la vie vermeille gicle. Il n’écrit pas ; c’est pour cela qu’il est de la race des plus robustes écrivains.

Vous tous qui vous développez dans l’harmonie du geste, dans la beauté de la Force, relisez Gueule-Rouge. Cette lecture, c’est une heure d’émotion, d’émotion physique tant elle est ardente. Et d’émotion consolante aussi, car elle clame avec Maurice Leblanc qu’« il y a quelque chose de plus fort que la haine, de plus fort que l’orgueil, que la jalousie, que l’amour même : c’est la Vie, la Vie adorable, unique et précieuse. »

Henry Kistemaeckers.