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George Sand & le Sport

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« Êtes-vous bien accablée de cette canicule ? Peut-être ne menez-vous pas une vie qui vous y expose souvent. Moi, je n’ai pas l’esprit de m’en préserver. Je pars à pied à trois heures du matin, avec le ferme propos de rentrer à huit ; mais je me perds dans les « traînes », je m’oublie au bord des ruisseaux, je cours après les insectes et je rentre à midi dans un état de torréfaction impossible à décrire.

« L’autre jour, j’étais si accablée, que j’entrai dans la rivière tout habillée. Je n’avais pas prévu ce bain, de sorte que 5 j’avais pas de vêtements ad hoc. J’en sortis mouillée de pied en cap. Un peu plus loin, comme mes vêtements étaient déjà secs et que j’étais encore baignée de sueur, je me replongeai de nouveau dans l’Indre. Toute ma précaution fut d’accrocher ma robe à un buisson et de me baigner en peignoir. Je remis ma robe par-dessus, et les rares passants ne s’aperçurent pas de la singularité de mes « draperies ». Moyennant trois ou quatre bains par promenade, je fais encore trois ou quatre lieues à pied, par trente degrés de chaleur, et quelles lieues ! Je ne passe pas un hanneton que je ne courre après. Quelquefois, toute mouillée et vêtue, je me jette sur l’herbe d’un pré au sortir de la rivière et je fais la sieste. Admirable saison qui permet tout le bien-être de la vie primitive… ».