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“813”

que tu partais pour toujours, que tu voulais devenir honnête.

— J’ai essayé. Voilà quatre ans que j’essaie… Tu ne prétendras point que pendant ces quatre ans j’aie fait parler de moi ?

— Eh bien ?

— Eh bien, ça m’ennuie.

Elle soupira :

— Toujours le même… Tu n’as pas changé… Ah ! c’est bien fini, tu ne changeras jamais… Ainsi, tu es dans l’affaire Kesselbach ?

— Parbleu ! Sans quoi me serais-je donné la peine d’organiser contre Mme Kesselbach, à six heures, une agression pour avoir l’occasion, à six heures cinq, de l’arracher aux griffes de mes hommes ? Sauvée par moi, elle est obligée de me recevoir. Me voilà au cœur de la place, et, tout en protégeant la veuve, je surveille les alentours. Ah ! que veux-tu, la vie que je mène ne me permet pas de flâner et d’employer le régime des petits soins et des hors-d’œuvre. Il faut que j’agisse par coups de théâtre, par victoires brutales.

Elle l’observait avec effarement, et elle balbutia :

— Je comprends… je comprends… tout ça, c’est du mensonge… Mais alors Geneviève…

— Eh ! d’une pierre, je faisais deux coups. Tant qu’à préparer un sauvetage, autant marcher pour deux. Pense à ce qu’il m’eût fallu de temps, d’efforts inutiles, peut-être, pour me glisser dans l’intimité de cette enfant ! Qu’étais-je pour elle ? Que serais-je encore ? Un inconnu… un étranger. Maintenant je suis le sauveur. Dans une heure je serai… l’ami.