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Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/114

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“813”

Il se tut. Alors, n’insistant pas davantage, elle se pencha vers Mme Ernemont.

— Bonsoir, grand-mère, mes petites doivent être au lit, mais aucune d’elles ne pourrait dormir avant que je l’aie embrassée.

Elle tendit la main au prince.

— Merci encore…

— Vous partez ? dit-il vivement.

— Excusez-moi ; grand’mère vous reconduira…

Il s’inclina devant elle et lui baisa la main. Au moment d’ouvrir la porte, elle se retourna et sourit.

Puis elle disparut.

Le prince écouta le bruit de ses pas qui s’éloignait, et il ne bougeait point, la figure pâle d’émotion.

— Eh bien, dit la vieille dame, tu n’as pas parlé ?

— Non…

— Ce secret…

— Plus tard… aujourd’hui… c’est étrange… Je n’ai pas pu.

— Était-ce donc si difficile ? Ne l’a-t-elle pas senti, elle, que tu étais l’inconnu qui, deux fois, l’avait emportée ?… Il suffisait d’un mot…

— Plus tard… plus tard… dit-il en reprenant toute son assurance. Tu comprends bien… cette enfant me connaît à peine… Il faut d’abord que je conquière des droits à son affection, à sa tendresse… Quand je lui aurai donné l’existence qu’elle mérite, une existence merveilleuse, comme on en voit dans les contes de fées, alors je parlerai.