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Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/17

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et indiqua les réponses qu’il fallait faire. Mais soudain Chapman, qui attendait, la plume levée, s’aperçut que M. Kesselbach pensait à autre chose qu’à son courrier.

Il tenait entre ses doigts, et regardait attentivement, une épingle noire recourbée en forme d’hameçon.

— Chapman, fit-il, voyez ce que j’ai trouvé sur la table. Il est évident que cela signifie quelque chose, cette épingle recourbée. Voilà une preuve, une pièce à conviction. Et vous ne pouvez plus prétendre qu’on n’ait pas pénétré dans ce salon. Car enfin, cette épingle n’est pas venue là toute seule.

— Certes non, répondit le secrétaire, elle y est venue grâce à moi.

— Comment ?

— Oui, c’est une épingle qui fixait ma cravate à mon col. Je l’ai retirée hier soir tandis que vous lisiez, et l’ai tordue machinalement.

M. Kesselbach se leva, très vexé, fit quelques pas, et s’arrêtant :

— Vous riez sans doute, Chapman… et vous avez raison… Je ne le conteste pas, je suis plutôt… excentrique, depuis mon dernier voyage au Cap. C’est que… voilà… vous ne savez pas ce qu’il y a de nouveau dans ma vie… un projet formidable… une chose énorme que je ne vois encore que dans les brouillards de l’avenir, mais qui se dessine pourtant… et qui sera colossale… Ah ! Chapman, vous ne pouvez pas imaginer… L’argent, je m’en moque, j’en ai… j’en ai trop… Mais cela, c’est davantage, c’est la puissance, la force, l’autorité. Si la réalité est conforme à ce que