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— Mais… M. Gourel… le brigadier…

— Il arrivera plus tard… dans une heure… Et puis, quand même, ils peuvent se rencontrer. Donc, dites à Edwards d’aller dès maintenant au bureau et de prévenir. Je n’y suis pour personne sauf pour deux messieurs, le Colonel et son ami, et pour M. Gourel. Qu’on inscrive les noms.

Chapman exécuta l’ordre. Quand il revint, il trouva M. Kesselbach qui tenait à la main une enveloppe, ou plutôt une petite pochette de maroquin noir, vide sans doute, à en juger par l’apparence. Il semblait hésiter, comme s’il ne savait qu’en faire. Allait-il la mettre dans sa poche ou la déposer ailleurs ?

Enfin, il s’approcha de la cheminée et jeta l’enveloppe de cuir dans son sac de voyage.

— Finissons le courrier, Chapman. Nous avons dix minutes. Ah ! une lettre de Mme Kesselbach. Comment se fait-il que vous ne me l’ayez pas signalée, Chapman ? Vous n’aviez donc pas reconnu l’écriture ?

Il ne cachait pas l’émotion qu’il éprouvait à toucher et à contempler cette feuille de papier que sa femme avait tenue entre ses doigts, et où elle avait mis un peu de sa pensée secrète.

Il en respira le parfum, et, l’ayant décachetée, lentement il la lut, à mi-voix, par bribes que Chapman entendait :

« — Un peu lasse… je ne quitte pas la chambre… je m’ennuie… quand pourrai-je vous rejoindre ? Votre télégramme sera le bienvenu… »

— Vous avez télégraphié ce matin, Chap-