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“813”
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prince… Ah ! tant mieux ! Je suis contente… vous voulez voir Dolorès ?

Après un instant, elle l’introduisit dans la chambre de Mme Kesselbach. Le prince eut un saisissement. Dolorès était plus pâle encore, plus émaciée qu’au dernier jour où il l’avait vue. Couchée sur un divan, enveloppée d’étoffes blanches, elle avait l’air de ces malades qui renoncent à lutter. C’était contre la vie qu’elle ne luttait plus, elle, contre le destin qui l’accablait de ses coups.

Sernine la regardait avec une pitié profonde, et avec une émotion qu’il ne cherchait pas à dissimuler. Elle le remercia de la sympathie qu’il lui témoignait. Elle parla aussi du baron Altenheim, en termes amicaux.

— Vous le connaissiez autrefois ? demanda-t-il.

— De nom, oui, et par mon mari avec qui il était fort lié.

— J’ai rencontré un Altenheim qui demeurait rue Daru. Pensez-vous que ce soit celui-là ?

— Oh non ! celui-là demeure… Au fait, je n’en sais trop rien, il m’a donné son adresse, mais je ne pourrais dire…

Après quelques minutes de conversation, Sernine prit congé.

Dans le vestibule, Geneviève l’attendait.

— J’ai à vous parler, dit-elle vivement… des choses graves… Vous l’avez vu ?

— Qui ?

— Le baron Altenheim… mais ce n’est pas son nom… ou du moins il en a un autre… je l’ai reconnu… il ne s’en doute pas…