Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
“813”

le bras, et, sans se soucier de la présence du domestique :

— Un bon conseil… accepte. L’heure est grave… Et ça vaut mieux, je te jure, ça vaut mieux… accepte…

— Du caviar ! s’écria Sernine… ah ! c’est tout à fait gentil… Tu t’es souvenu que tu traitais un prince russe.

Ils s’assirent l’un en face de l’autre, et le lévrier du baron, une grande bête aux longs poils d’argent, prit place entre eux.

— Je vous présente Sirius, mon plus fidèle ami.

— Un compatriote, dit Sernine. Je n’oublierai jamais celui que voulut bien me donner le tsar quand j’eus l’honneur de lui sauver la vie.

— Ah ! vous avez eu l’honneur… un complot terroriste, sans doute ?

— Oui, complot que j’avais organisé. Figurez-vous que ce chien, qui s’appelait Sébastopol…

Le déjeuner se poursuivit gaiement, Altenheim avait repris sa bonne humeur, et les deux hommes firent assaut d’esprit et de courtoisie. Sernine raconta des anecdotes auxquelles le baron riposta par d’autres anecdotes, et c’étaient des récits de chasse, de sport, de voyage, où revenaient à tout instant les plus vieux noms d’Europe, grands d’Espagne, lords anglais, magyars hongrois, archiducs autrichiens.

— Ah ! dit Sernine, quel joli métier que le nôtre ! Il nous met en relation avec tout ce qu’il y a de bien sur terre. Tiens, Sirius, un peu de cette volaille truffée.