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“813”
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— Et il n’arrivera qu’après avoir passé sur le corps de l’autre. Es-tu prêt à cette sorte de duel, Lupin ? duel à mort, comprends-tu ? Le coup de couteau, c’est un moyen que tu méprises, mais si tu le reçois là, Lupin, en pleine gorge ?…

— Ah ! ah ! en fin de compte, voilà ce que tu me proposes ?

— Non, je n’aime pas beaucoup le sang, moi… Regarde mes poings… je frappe… et l’on tombe… j’ai des coups à moi… Mais l’autre tue… rappelle-toi… la petite blessure à la gorge… Ah ! celui-là. Lupin, prends garde à lui… Il est terrible et implacable… Rien ne l’arrête.

Il prononça ces mots à voix basse et avec une telle émotion que Sernine frissonna au souvenir abominable de l’inconnu.

— Baron, ricana-t-il, on dirait que tu as peur de ton complice !

— J’ai peur pour les autres, pour ceux qui nous barrent la route, pour toi. Lupin. Accepte ou tu es perdu. Moi-même, s’il le faut, j’agirai. Le but est trop près… j’y touche… Va-t’en Lupin !

Il était puissant d’énergie et de volonté exaspérée, et si brutal qu’on l’eût dit prêt à frapper l’ennemi sur-le-champ.

Sernine haussa les épaules.

— Dieu ! que j’ai faim ! dit-il en bâillant. Comme on mange tard chez toi !

La porte s’ouvrit.

— Monsieur est servi, annonça le maître d’hôtel.

— Ah ! que voilà une bonne parole !

Sur le pas de la porte, Altenheim lui agrippa