Tremblant de rage, atteint au plus profond de son orgueil. Lupin se cabrait sous l’ironie, comme s’il avait reçu des coups de cravache. Jamais il ne s’était senti humilié à ce point. Dans sa fureur il aurait étranglé le gros Waldemar dont le rire l’exaspérait.
Se contenant, il dit :
— Il a fallu quatre jours à Sholmès, Sire. À moi, il m’a fallu quelques heures. Et j’aurais mis encore moins, si je n’avais été contrarié dans mes recherches.
— Et par qui, mon Dieu ? Par mon fidèle comte ? J’espère bien qu’il n’aura pas osé…
— Non, Sire, mais par le plus terrible et le plus puissant de mes ennemis, par cet être infernal qui a tué son complice Altenheim.
— Il est là ? Vous croyez ? s’écria l’Empereur avec une agitation qui montrait qu’aucun détail de cette dramatique histoire ne lui était étranger.
— Il est partout où je suis. Il me menace de sa haine constante. C’est lui qui m’a deviné sous M. Lenormand, chef de la Sûreté, c’est lui qui m’a fait jeter en prison, c’est encore lui qui me poursuit, le jour où j’en sors. Hier, pensant m’atteindre dans l’automobile, il blessait le comte de Waldemar.
— Mais qui vous assure, qui vous dit qu’il soit à Veldenz ?
— Isilda a reçu deux pièces d’or, deux pièces françaises !
— Et que viendrait-il faire ? Dans quel but ?
— Je ne sais pas, Sire, mais c’est l’esprit même du mal. Que Votre Majesté se méfie ! Il est capable de tout.