c’est tout. Jusqu’ici la chance l’a favorisé. Mais en fin de compte, il est inévitable, il est fatal que je l’emporte.
— Pourquoi ?
— Parce que je suis le plus fort.
— S’il vous tue ?
— Il ne me tuera pas. Je lui arracherai ses griffes, je le réduirai à l’impuissance. Et vous aurez les lettres, Sire. Il n’est pas de pouvoir humain qui puisse m’empêcher de vous les rendre.
Il parlait avec une conviction violente et un ton de certitude qui donnait, aux choses qu’il prédisait, l’apparence réelle de choses déjà accomplies.
L’Empereur ne pouvait se défendre de subir un sentiment confus, inexplicable, où il y avait une sorte d’admiration et beaucoup aussi de cette confiance que Lupin exigeait d’une façon si autoritaire. Au fond il n’hésitait que par scrupule d’employer cet homme et d’en faire pour ainsi dire son allié. Et soucieux, ne sachant quel parti prendre, il marchait de la galerie aux fenêtres, sans prononcer une parole.
À la fin il dit :
— Et qui nous assure que les lettres ont été volées cette nuit ?
— Le vol est daté, Sire.
— Qu’est-ce que vous dites ?
— Examinez la partie interne du fronton, qui dissimulait la cachette. La date y est inscrite à la craie blanche : minuit, 24 août.
— En effet… en effet… murmura l’Empereur interdit… Comment n’ai-je pas vu ?
Et il ajouta, laissant percevoir sa curiosité :