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Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/376

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“813”

ne sera pas, ça je vous le jure. Ah ! non, jamais.

— Comment non ?

— Et les lettres, Sire ? Les lettres que l’on a volées ?

— Ma foi…

— Alors, s’écria Lupin, en se croisant les bras avec indignation. Votre Majesté renonce à la lutte ? Elle considère la défaite comme irrémédiable ? Elle se déclare vaincue ? Eh bien, pas moi, Sire. J’ai commencé. Je finirai.

L’Empereur sourit de cette belle ardeur.

— Je ne renonce pas, mais ma police se mettra en campagne.

Lupin éclata de rire.

— Que Votre Majesté m’excuse ! C’est si drôle ! la police de Sa Majesté ! mais elle vaut ce que valent toutes les polices du monde, c’est-à-dire rien, rien du tout ! Non, Sire, je ne retournerai pas à la Santé. La prison, je m’en moque. Mais j’ai besoin de ma liberté contre cet homme, je la garde.

L’Empereur s’impatienta.

— Cet homme, vous ne savez même pas qui il est.

— Je le saurai, Sire. Et moi seul peux le savoir. Et il sait, lui, que je suis le seul qui peux le savoir. Je suis son seul ennemi. C’est moi seul qu’il attaque. C’est moi qu’il voulait atteindre, l’autre jour, avec la balle de son revolver. C’est moi qu’il lui suffisait d’endormir, cette nuit, pour être libre d’agir à sa guise. Le duel est entre nous. Le monde n’a rien à y voir. Personne ne peut m’aider, et personne ne peut l’aider. Nous sommes deux, et